mercredi, janvier 10, 2007

Chauffeur-routier ou esclave-routier?


Lu dans la NR d'aujourd'hui:
"Puisqu'il a pris la place d'Olivier, Johann effectue le même trajet : Châteauroux-Vesoul-Metz-Châteauroux, ce qui représente 3.500 kilomètres par semaine. Son salaire de base pour des semaines de travail approchant les 70 heures est d'un peu plus de 1.000 €, auxquels s'ajoutent notamment les frais kilométriques et les frais de déplacement. Au total, 1.500 € net. Jusque-là, pas trop grand-chose à dire. Mais au cas où vous ne le sauriez pas, nous sommes heureux de vous apprendre que les chauffeurs routiers n'ont pas le droit de rouler 24 heures sur 24. Ils sont tenus à des temps de pause. Mais comment respecter la réglementation ? Impossible, compte tenu de cadences aussi serrées. Le 7 octobre 2005, Johan est contrôlé par des gendarmes à Epinal. Son temps de conduite autorisée est dépassé de 2 heures. L'amende est de 1.500 €. Son patron paye pour éviter l'immobilisation du camion… Avant de lui faire deux retenues de 750 € sur les salaires d'octobre et de novembre !
Pour Johann Gallot, la pilule est difficile à avaler. Mais il reprend le volant. Avant de se faire à nouveau attraper le 15 décembre dernier, toujours par les mêmes gendarmes d'Epinal. Pour « emploi irrégulier de l'appareil de contrôle », on lui inflige une nouvelle amende de 1.500 €. Que le patron règle à nouveau… Avant d'enlever 1.543 € sur la paye de décembre ! En fin d'année, Johann a donc royalement touché 474,03 €. Et cette fois, c'est trop…
« Que l'on arrête de prendre les ouvriers pour des c… Parce qu'ils sont en Espagne, ils se croient intouchables ! » Mercredi soir, et parce qu'il n'en peut plus d'une telle injustice, Johann Gallot a donc bloqué l'entrée des entrepôts installés sur la zone aéroportuaire de Déols (Indre) à l'aide de son camion. Les policiers sont intervenus pour assurer le retour au calme. Et Johann, comme Olivier, a été immédiatement mis à la porte. Il a décidé de poursuivre le combat…"