vendredi, janvier 19, 2007

Il y a cent ans le père Chevalier était expulsé


La IIIe République est marquée par un climat fortement anticlérical dont le paroxysme, à Issoudun, est atteint le 21 janvier 1907, par l'expulsion manu militari du père Jules Chevalier du presbytère.
L'expulsion du père Jules Chevalier (1824 -1907), fondateur en 1857 à Issoudun des Missionnaires du Sacré-Cœur s'est déroulée le 21 janvier 1907 dans une atmosphère explosive. Des fidèles par centaines sont venus conspuer la police et soutenir le vieux prêtre aux cris de « Vive le père Chevalier ! Vive la liberté ! À bas les voleurs ! » La veille, un arrêté du député-maire Jacques Dufour, prescrivait au commissaire de police « de procéder dès demain matin, à la première heure à l'expulsion du presbytère d'Issoudun de M. le curé Chevalier et de ses vicaires. » Le presbytère, précisait l'arrêté, est une propriété communale.
Le commissaire de police accompagné de trois agents, de deux gardes champêtres et d'un serrurier nommé Paris, se présente le 21 janvier à 9 h devant le presbytère, rue François-Habert. Trouvant porte close, le commissaire renonce momentanément à sa mission. Il revient à 14 h 30 mais, entre-temps, la nouvelle de l'expulsion ayant circulé en ville, une foule d'un millier de personnes se trouve massée devant le presbytère. Le serrurier crochète la porte. En vain. Pour accomplir « sa honteuse besogne », il doit la défoncer à coups de merlin sous les cris redoublés de la foule. Enfin la porte cède. Le commissaire entre.
« L'Écho des Marchés » poursuit le récit : « Il se trouva en présence du vénérable archiprêtre, assis dans son fauteuil, entouré de MM. de Bonneval, Neveu, Daudu, etc., et des vicaires. Le père Chevalier protesta énergiquement contre cette violation de domicile et contre la mesure odieuse qu'on prenait contre lui qui n'avait jamais contrevenu aux lois de son pays. Après avoir entendu ces protestations, le commissaire donna l'ordre au père Chevalier de sortir. »
Mais le vieux religieux, âgé de 83 ans, était impotent. Il a fallu que deux agents empoignassent son fauteuil pour le porter au dehors. A sa vue, la foule renchérit la vigueur de ses slogans : « Vive le père Chevalier ! »
Après cette sortie forcée, le père Chevalier trouva refuge dans une maison mise à sa disposition par le comte de Bonneval au 3, rue Daridan. C'est d'ailleurs à cet endroit qu'il devait décéder le 21 octobre 1907.

Source: La NR