jeudi, avril 12, 2007

Les vicissitudes du maire de Méry-sur-Cher


Il votera Nicolas Sarkozy mais a parrainé Jean-Marie Le Pen pour la présidentielle. André Chain-Millet, maire de Méry-sur-Cher (près de Vierzon), commune de 612 âmes, se voit obligé de se justifier aujourd'hui, face à l'incompréhension de ses proches et des salves de reproches anonymes. Une lettre carabinée l'a fait réagir.
« Monsieur le Maire, honte sur vous… » Le début de la missive destinée à André Chain-Millet campe l'ambiance. La conclusion est sans appel : « Vous êtes un triste exemple pour les jeunes générations. Je ne vous salue pas. Les démocrates vous vomissent ». Le correspondant de Vierzon qui a écrit, le 30 mars, au maire voisin de Méry-sur-Cher, pour lui exprimer toute sa réprobation de voir un édile d'une petite commune rurale parrainer le candidat FN à la présidentielle, a eu le mérite d'assumer sa franchise. Il a laissé ses coordonnées.
C'est, certes, la seule lettre du genre qu'a reçue l'élu. Il n'a pas, non plus, été menacé. Mais les coups de fils anonymes de reproches musclés et les demandes d'explications de ses amis ou de membres de sa famille « étonnés », il ne les compte plus. Ainsi va la vie d'un maire de droite d'une petite commune rurale qui a décidé de signer un parrainage en faveur de Jean-Marie Le Pen.
Pour la petite histoire, c'était la première fois que l'élu apportait son parrainage. L'y reprendra-t-on ? « Si c'était à refaire, je le referais de la même manière. J'ai passé l'âge de la mièvrerie. Si je n'ai pas le courage de mes actes aujourd'hui, je ne l'aurai jamais », répond ce dynamique patron retraité, âgé de 70 ans.
Depuis que son nom a été tiré au sort et publié au Journal officiel, André Chain-Millet ne cesse pourtant de s'expliquer. Au passage, il juge que les « petits » élus, non encartés dans un parti politique, comme lui, devraient être épargnés par la publication au Journal officiel, « sachant que pour ceux qui militent dans des partis, c'est déjà de notoriété publique ».
« Je m'étais retranché derrière le statu quo, en 2001, je n'ai pas voulu faire preuve de lâcheté, cette fois, avance-t-il. J'ai longuement réfléchi ; un maire ne doit pas se dérober à ce genre de devoirs. La deuxième raison, c'est par rapport à mes administrés. Que le candidat Le Pen qui avait récolté un tiers des voix sur ma commune, en 2001, ne soit pas présent, était illogique. J'ai attendu le tout dernier moment, j'avais même reporté ma décision parce que je voulais être sûr que le compte de ses parrainages n'y était pas. Et puis, je préfère voir Le Pen battu démocratiquement par la voix du peuple, plutôt qu'il soit évincé dans un scandale qui, pour répondre à la lettre, aurait précisément été préjudiciable à la démocratie. Je suis même un peu comme celui qui m'a écrit, je ne partage pas les idées extrémistes », justifie l'élu qui, après réflexion, a fini par signer après trois visites, dans sa mairie, du représentant FN du secteur.
Un sacrifice, si on l'écoute ? « Non, le besoin d'ouvrir un combat légal et d'être représentatif de mes administrés », répond le maire élu en 1995, réélu en 2001… et partant pour un troisième mandat.

Source: la NR